ARRITTI N° 1745 du 1er au 7 Mars 2001

Corsophobie: enfin justice !

 

Les responsables de l'article " 22 raisons de dire merde aux Corses " paru dans un piètre journal parisien, " La vie parisienne ", ont été condamné à 2 mois avec sursis,100.000F d'amende et 15.000F de dommages et intérêts et de remboursement des frais de justice pour l'association Avà Basta qui avait porté plainte contre ce véritable torchon d'insultes à la Corse et aux Corses.

Avà Basta, collectif qui lutte contre le racisme peut être satisfait de son action et les Corses soulagés qu'enfin la justice agisse contre la corsophobie qui sévit sans discontinuer, parfois avec éclat parfois plus sournoise, depuis près de 3 ans maintenant.

Noëlle Vincensini, présidente d'Avà Basta sait ce que racisme veut dire. Elle est une rescapée des camps de concentration de la dernière guerre mondiale. Elle nous donne son sentiment après ce verdict.

Quel est votre sentiment après le verdict ?

C'est la première fois qu'un article traitant les Corses avec ce mépris et cette haine discriminatoire, infamante, est condamné. Le délit de racisme est clairement reconnu et établi. Nous condamnons toute forme de racisme. Le racisme ne se divise pas. Il s'exerce contre les juifs, les Arabes ou les Corses. On n'allait donc pas laisser passer un texte aussi minable qui barbouillait le mépris haineux. Ça m'a rappelé quand j'étais gamine les tracts qui traînaient dans les rues sur les juifs et ceux qu'on a vu circuler il n'y a pas longtemps sur les Arabes, c'était du même niveau. Et puis on est depuis longtemps indigné par la corsophobie. Nous participons de ce peuple.

Avà Basta c'est une émanation de la société corse qui prend en charge ses problèmes de racisme, je me sens donc aussi agressée en tant que Corse par ce genre de vomissure.

C'est ce qui vous a poussé à porter plainte ?

Naturellement, mais s'il n'y avait pas eu cette distribution de tracts devant le lycée on se serait demandé s'il fallait en parler tellement c'était minable. (NDLR : l'article en question a été photocopié et jeté dans les cours de lycée à Bastia). C'était vraiment de la provocation de balancer ça devant un lycée professionnel où il y a de jeunes gens, et ça a circulé dans les rues. Il faut savoir que quand on se constitue partie civile il faut déposer 6.000F, ça n'est pas rien pour une association ou pour des particuliers. Mais on se devait d'intervenir, le racisme c'est la discrimination, le rejet, essayer d'avilir tout ce que fait ou ce que pense l'autre. Et le texte en question s'attaque aussi à la culture, aux Corses dans tout ce qu'ils sont, ce sont vraiment des insultes basses pour le peuple corse.

Vous pensez que ce verdict va peser sur les consciences ?

j'espère. Pour nous c'est une espèce de halte, parce que vraiment il y a une montée de corsophobie galopante dans la presse et partout, mais là on a dépassé un seuil qui nous a permis de faire cadrer ça avec la loi anti-raciste. Ce n'est pas si facile. Il faut définir une communauté, etc. Mais là en l'occurrence ça rentrait complètement dans le cadre de la loi antiraciste et d'une communauté désignée. A force de dire n'importe quoi sur les Corses, on arrive à certains seuils. A force de faire de la corsophobie on finit par délirer dans des trucs infâmes. Pour nous, c'est donc une espèce de halte dans la vague de corsophobie. Et j'espère que ça va en faire réfléchir quelques-uns.

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