L'association
veut alerter l'opinion publique sur ce phénomène.Son " Cumitù
Basta Cusi " a adressé un dossier auprès de la LICRA et
de la Cour européenne des Droits de l'homme " Basta cusi
! " Un cri du cœur, un cri de Corse.
L'expression
d'un ras-le-bol devenu slogan. Comme s'il devait s'imprimer
sur le bandeau de la révolte, noué au front du Maure. Le
mot d'ordre d'un nouveau comité, au sein de l'association
antiboise " Unione Corsa ", " U cumitatu basta Cusi " veut
ainsi mettre fin à ce qu'il considère comme du " racisme
anticorse ". Un mal insidieux qui ne daterait pas d'hier,
mais qui aurait pris unenouvelle ampleur. Qui se serait
" corsé " avec le temps, oserait-on dire.
" On s'est rendu compte qu'au fil des années, bien avant
1995 mais surtout après, on a tendance à caricaturer les
Corses, explique Jeannot Magni, à la tête du comité. Pour
nous, ça finit par devenir inquiétant. Le bouc émissaire
a quitté le désert, il s'est certainement réfugié en Corse
! "
Personnalités
épinglées
II
y a quelques mois, Unione Corsa avait déjà épingle le livre
de mathématiques " La probabilité sans les boules " des
éditions Ellipses, qui donnait une image peu flatteuse de
la communauté insulaire. Cette fois, le comité frappe plus
fort. Par un volumineux dossier, " Basta cusi " interpelle
la LICRA, mais aussi la Cour européenne des Droits de l'Homme.
Ce document est un recensement, non exhaustif, de toutes
les atteintes subies par les Corses. Un manuel scolaire
de géographie daté de 1921 explique aussi, le plus sérieusement
du monde, que " le Corse n'aime ni le travail de la terre
qu'il fait faire par des Italiens, ni la marine, ni l'industrie,
ni aucune sorte d'effort. Il ne veut être que gardeur de
chèvres ou fonctionnaire ". Les Corses veulent bien rire,
mais qu'on ne les prenne pas pour des figatelli ! " Nous
ne sommes pas contre l'humour corse, au contraire, mais
lorsque de tels propos sont institués dans l'enseignement,
c'est beaucoup plus grave " relève Jeannot Magni.
La
confusion des médias
.Plus
récemment, quelques personnalités se sont également " distinguées
", tel Jean-Pierre Coffe ne... digérant pas les clémentines
corses, ou bien feu Cyril Collard évoquant " le village
de débiles " (" Les Nuits fauves ") sur l'île de beauté.
Sur la page mode d'un magazine, on montre un costume masculin
" style souteneur corse " des années trente, tandis qu'une
pub de l'office du tourisme israélien incite à faire comme
" Napoléon (ce touriste corse) qui a fait de longues siestes
à Jérusalem " !
Selon
le comité, ce sont désormais les médias qui prennent le
relais de ce dénigrement systématique. " On a l'impression
que le produit corse est quelque chose qui se vend bien
aux informations. Chez nous, des choses ne tournent pas
rond d'accord, mais il y a la façon de les présenter. Que
les malfrats soient jugés et condamnés, mais qu'on ne mette
pas tout le monde dans le même panier ".
"
Redresser la tête "
L'action
de " Basta cusi! " n'est donc pas une vendetta, aveugle
et sourde au contexte insulaire. Mais un appel à la dignité
retrouvée, en dehors de toutes considérations politiques.
" Nous sommes restés trop longtemps passifs, et le phénomène
s'est amplifié. A force, on constate une espèce d'autoflagellation,
un complexe corse, s'inquiète encore le président d'Unione
Corsa. Je demande donc à la communauté de relever la tête,
et d'être fière de son appartenance ". Et d'inciter tout
insulaire victime d'actes ou propos discriminatoires à apporter
sa contribution au dossier du Comité. Avec l'espoir que
la Corse demeure île de beauté, et non pas un Îlot de calomnies.
Alexandre
Carini |